Je t’évoque bananier pathétique agitant mon coeur nu dans le jour psalmodiant.
Je glisse sous tes feuilles qui caressent ma tête et dont les gouttes de rosée dévalent sur mon visage comme une pluie lavant mes yeux baptisés.
Mon coeur plein de feu rougeoie sous tes ramages. Il bat à la recherche du tigre que je croiserai bientôt. Nul ne sait qui je suis, je passe incognito. Nul ne m’a jamais vu, nul n’a jamais vu mon visage. Seul mon coeur a été su. Il bat et rougeoie dans la nuit. Les images caracolent, des chevaux ailés montrent leurs naseaux et frémissent sous l’écume. Ils viennent me chercher pour partir là-haut, dans l’au-delà des cimes sans retour.
Heureusement la tigre veille, avec ses rayures sans pareilles, ses crocs acérés et ses pupilles affutées, elle refuse l’enlèvement des Sabines, le rapt des vierges.
Bananier, mon ami, rayé, toi aussi, je passe sous l’arche de vos os et me couvre de la mue de votre pelage. La pelure de banane comme chapeau humide, la mue du tigre comme manteau. La canine de celui-ci légué à mon sillage, orne mon cou, accompagné de diamants mirifiques, aux facettes kaléïdoscopiques, rutilantes. Bizarrement, les diamants rouges existent et parent mon cou cruel, mon cou plein d’habitants.
Et de la main du singe, l’amour s’accroche aux branches.